L’Orient-Express est ce train mythique qui traversait l’Europe et qui a connu son apogée dans les Années folles. Avec son design Art déco, ses belles couleurs bleu nuit et or et ses services de luxe, il a de quoi faire rêver. Mais si l’Orient-Express n’existe plus vraiment aujourd’hui, il est tout de même possible de partir sur ses traces et de revivre l’épopée d’un voyage extraordinaire, que ce soit en seconde classe ou en mode grand luxe, pour relier Paris à Istanbul…
- La création de l’Orient-Express
- Le trajet original
- L’âge d’or du train
- Le déclin… et la fin ?
- Les trains d’aujourd’hui sur les traces de l’Orient-Express
- Le prix d’un trajet
L’histoire du train Orient-Express
La création de l’Orient-Express
L’Orient Express est un train légendaire créé en 1883 par la Compagnie Internationale des Wagons Lits (CIWL).
Derrière sa création se cache Georges Nagelmackers. Cet industriel belge découvre le concept des wagons-lits aux États-Unis. En fondant la CIWL en 1876, il souhaite ainsi construire un réseau de trains de luxe à travers l’Europe. Il s’inspire donc des trains de nuit américains mais souhaite y ajouter le confort de luxe des paquebots transatlantiques. La compagnie ferroviaire lance ainsi de nombreuses lignes en seulement quelques années : le Rome Express de Calais à Rome via Paris, le Sud-Express de Paris à Lisbonne via Madrid, le Nord-Express de Paris à Moscou, le Riviera-Express de Berlin à Nice… et le mythique Orient-Express de Paris à Constantinople (Istanbul aujourd’hui).
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À l’époque, l’Empire ottoman est l’une des grandes puissances du monde. L’univers oriental attire et fait rêver les occidentaux. L’Orient-Express répond ainsi à cet imaginaire de pouvoir relier facilement ces deux mondes (même s’il fallait avoir les moyens de se payer un billet…). De plus, pour éviter de déranger sa clientèle lors du voyage et pour gagner du temps, la CIWL s’occupe de présenter les passeports des voyageurs lors des passages des différentes frontières. Ce service est alors inédit en Europe.
Crédit photo (creative commons) : Michal Matlon
Le trajet de l’Orient-Express
Le trajet de l’Orient-Express va de Paris (gare de l’Est) à Constantinople (aujourd’hui Istanbul) en passant par Vienne et Budapest. En 1883, pour parcourir les 3 000 km séparant la capitale française et la capitale de l’ancien Empire ottoman, le train met 4 jours. C’est une révolution par rapport aux liaisons par bateau qui, depuis le port de Marseille, mettent environ 2 semaines à effectuer le même trajet.
La liaison en train devient directe en 1889 après la construction d’un dernier tronçon. Les passagers devaient jusque là changer de train sur la fin du parcours. Les années suivantes, deux branches de l’Orient-Express sont créées depuis Bruxelles et Berlin. Elles rejoignent ainsi le train de Paris dans les villes de Vienne et Budapest.
Après quelques soubresauts pendant la Première Guerre mondiale, l’Orient-Express reprend sa route dès 1919 mais via un nouvel itinéraire. L’Orient-Express passe désormais par le plus long tunnel au Monde (jusqu’en 1982) : le tunnel du Simplon en Suisse. Ce tunnel d’une longueur de 19,8 km relie la ville de Brigue en Suisse au village d’Iselle en Italie. Le Simplon-Orient-Express passe ainsi par les villes de Lausanne, Milan, Venise, Belgrade et Sofia avant d’arriver à son terminus à Constantinople. Le point de départ est également décalé à Calais puis jusqu’à Londres. L’Orient-Express embarque même dans un ferry entre Calais et Douvre. La durée totale de ce nouveau trajet Orient-Express-Sud ou Simplon-Orient-Express de Calais à Constantinople n’est plus que de 2 jours et demi de voyage.
Le trajet initial reprend également quelques années plus tard. Aussi, un troisième itinéraire est créé via Zurich en Suisse et Innsbruck en Autriche avant de rejoindre l’itinéraire initial à Vienne. Ce troisième trajet prend le nom de Arlberg-Orient-Express du nom du col autrichien par lequel il passe à proximité.
À son apogée, dans les années 1930, trois trajets sont alors possibles simultanément :
- Orient-Express : Londres, Paris, Strasbourg, Munich, Vienne, Budapest, Bucarest, Istanbul
- Arlberg-Orient-Express : Londres, Paris, Zurich, Innsbruck, Vienne, Budapest, Bucarest, Istanbul
- Simplon-Orient-Express : Londres, Paris, Lausanne, Milan, Venise, Belgrade, Sofia, Istanbul
L’âge d’or de l’Orient-Express
Après avoir été réquisitionnées pendant la Première Guerre mondiale, les voitures de l’Orient-Express ne sont plus en état de fonctionner. La compagnie doit reconstruire entièrement ses trains. C’est ainsi que naissent les voitures mythiques que nous connaissons de nos jours. Le nouveau look des voitures est confiée à des artistes. Ils s’inspirent du style Art déco et les voitures de la CIWL prennent leur jolie couleur bleue nuit et or.
C’est entre les deux Guerres mondiales que l’Orient-Express connait son âge d’or. Comme évoqué au-dessus, trois itinéraires différents cohabitent : Orient-Express, Simplon-Orient-Express et Arlberg-Orient-Express dont plusieurs branches permettent de relier les principales villes européennes. Ainsi, Londres, Paris, Bruxelles, Amsterdam, Berlin, Prague, Vienne, Milan, Venise sont reliées à Istanbul en Turquie.
À cette époque, il était même possible depuis Istanbul (ex Constantinople) de continuer son voyage en train avec le Taurus Express jusqu’à Bagdad ou même au Caire en Égypte !
Le déclin de l’Orient-Express
La Seconde Guerre mondiale cause également des dégâts sur le réseau de chemin de fer. Après plusieurs années d’arrêt forcé et dans l’attente de la remise en état des lignes, l’Orient-Express reprend finalement la route d’Istanbul en 1947 via le trajet par le tunnel du Simplon.
Toutefois, l’expansion des nombreuses frontières à l’Est de l’Europe et les contrôles associés ralentissent la vitesse de croisière du train. Aussi, des nouveaux wagons-lits ordinaires remplacent petit à petit les mythiques voitures Pullman Art déco. En pleine guerre froide, la situation géopolitique de l’époque freine les relations et les échanges entre l’Est et l’Ouest. Petite anecdote, c’est d’ailleurs le seul train à pouvoir franchir le rideau de fer. L’Orient-Express perd ainsi de sa notoriété et ne retrouve jamais son trafic de l’entre-deux-guerres.
Au fil des années, ses fréquences et ses parcours sont de plus en plus restreints. Le développement du trafic aérien incite également les voyageurs à se détourner du train. En 1977, le dernier train pour Istanbul quitte la gare de Lyon à Paris. Des trains de nuit continuent néanmoins de circuler entre Paris et Budapest. L’itinéraire est ensuite réduit à Vienne en Autriche et une correspondance à Strasbourg est créée. Fin 2009, le dernier train quitte la gare de Strasbourg pour Vienne. L’Orient-Express n’existe plus… ou presque.
Crédit photo (creative commons) : Dominik Scythe
Est-ce que l’Orient-Express existe toujours ?
L’Orient-Express tel qu’il était dans les années 1920-1930 et géré par la Compagnie Internationale des Wagons Lits n’existe plus aujourd’hui. Cependant, des sociétés continuent aujourd’hui de faire vivre le mythe…
Venise-Simplon-Orient-Express
Quelques années seulement après le dernier train entre Paris et Istanbul, l’entrepreneur américain James Sherwood veut relancer le mythique Orient-Express entre Londres et Venise. Il crée ainsi en 1982 le Venise-Simplon-Orient-Express. Il rachète et restaure 18 anciennes voitures de la CIWL des années 1920 (12 voitures-lits, 3 voitures restaurants, une voiture-bar et 2 voitures-lits pour le personnel de bord).
Le Venise-Simplon-Orient-Express propose ainsi une offre de train de luxe passant par Calais, Paris, Vérone et Venise. Il est ainsi possible de revivre cette expérience unique du voyage comme dans l’entre-deux-guerres. À bord, le style Art déco transporte les voyageurs directement dans les Années folles. Des repas gastronomiques sont servis à bord des voitures-restaurant, et la tenue de soirée est de rigueur. C’est un voyage inoubliable assuré, tout en contemplant les paysages magnifiques qui défilent.
C’est la compagnie anglaise Belmond (appartenant à la compagnie LVMH) qui exploite aujourd’hui le Venise-Simplon-Orient-Express. Il y a plusieurs départs par semaine depuis Londres ou Paris. Par ailleurs, une fois par an, le train prend la direction d’Istanbul en suivant le trajet historique de l’Orient-Express, via Vienne et Budapest. 5 jours de voyage qui doivent être inoubliable !
Orient-Express Dolce Vita
En 2011, la SNCF (qui, au passage, détient la marque Orient-Express) achète sept anciennes voitures de la CIWL. Elle s’associe ensuite au groupe hôtelier français Accor en 2017. Ensemble, ils souhaitent créer des hôtels de luxe 5 étoiles roulants sous la marque Orient-Express. C’est ainsi qu’une nouvelle compagnie de train touristique est née en 2021 : Orient-Express Dolce Vita.
Ainsi, à partir 2023, jusqu’à 6 trains de luxe vont parcourir l’Italie. Depuis la gare de Rome-Termini, ils suivront plusieurs itinéraires à travers 14 régions et plus de 130 villes ! Ces itinéraires emprunteront 16 000 km de voies ferrées italiennes dont 7 000 km non électrifiées. Chaque train sera composé de 11 voitures-lits (12 cabines Deluxe, 8 suites, 1 suite Prestige), et une voiture-restaurant pouvant accueillir 42 passagers.
À terme, l’Orient-Express Dolce Vita proposera également des destinations à l’international depuis Rome.
Nostalgie-Istanbul-Orient-Express
Aussi, le groupe hôtelier français souhaite relancer un nouveau train avec une dizaine de voitures d’époque entièrement rénovées. Ce nouveau train devrait parcourir l’Europe à partir de 2024 à l’occasion des Jeux Olympiques de Paris. Affaire à suivre !
Paris à Istanbul en train sur les traces de l’Orient-Express
Si vous souhaitez revivre l’imaginaire de l’Orient-Express (mais sans le luxe !), il est possible de rejoindre Istanbul depuis Paris via un train classique.
Voici l’itinéraire à suivre pour partir sur les traces de l’Orient-Express :
- Paris – Vienne avec le train de nuit Nightjet de ÖBB (14 h de trajet) (voir plus d’informations sur notre article les trains de nuit européens au départ de la France)
- Vienne – Bucarest avec le train de nuit des Chemins de fer roumains (CFR) (19 h de trajet)
- Bucarest – Istanbul avec le train de nuit Bosphore Express (19 h de trajet)
Pour information, l’arrivée à Istanbul ne se fait pas à la gare centrale de Sirkeci comme à l’époque de l’Orient-Express. Le Bosphore Express s’arrête en gare Halkali dans la banlieue d’Istanbul. Il est ensuite possible de rejoindre le cœur de la ville en train en moins d’une heure.
Il faudra donc tout de même compter au minimum 2 jours et 3 nuits pour effectuer ce voyage !
Quel est le prix pour un voyage en Orient-Express ?
Le prix pour un voyage en train de luxe Orient-Express débute à 5 000 € par personne avec le Venise-Simplon-Orient-Express. Pour ce prix, vous passerez une journée et une nuit dans ce train mythique entre Paris et Venise en pension complète ! Le retour et le logement à Venise n’est toutefois pas compris dans ce tarif. Le prix est à la hauteur du rêve !
Les futurs trains de luxe Orient-Express Dolce Vita seront proposés dans des tarifs similaires que le Venise-Simplon-Orient-Express, voire plus cher car les séjours seront sur plusieurs jours.
Enfin, en train classique, pour les trois trains de nuit entre Paris et Istanbul via Vienne et Bucarest, il faudra compter au minimum 200 € l’aller simple. Pour obtenir ce tarif, réservez dans la mesure du possible ces billets de train dès l’ouverture des ventes.
Alors, êtes-vous prêts à partir pour Istanbul ? 🕌🌙