Témoignage de voyage et photos partagés par Cécile Vautier.
Il y a quelques mois, mes copains d’enfance ont émis le vœu d’un court séjour ensemble au Portugal. Il m’est vite apparu impensable d’y aller en avion. Mon compagnon est tombé d’accord. Et nous avons décidé de poser une période de vacances de 12 jours, pour se donner le temps de parcourir ces 3 000 km aller-retour en train. Le trajet est devenu un voyage en amoureux, avec des escales (4 jours de séjour au Portugal + 8 jours de voyage).
Quel itinéraire pour se rendre au Portugal en train ?
Lors de notre recherche d’itinéraire, nous nous sommes basés notamment sur le réseau ferroviaire espagnol et les différents services de train proposés par la Renfe. Comme on séjournerait au nord du Portugal, il nous semblait plus logique de traverser le nord de l’Espagne, sans passer par Madrid. D’autant plus qu’on n’entrait pas en Espagne par Barcelone, mais par Hendaye.
Nous avons donc fait des recherches de billets par tronçons suffisamment petits pour choisir nos itinéraires (les moteurs de recherche de billets du point de départ au point d’arrivée proposent souvent de passer par les capitales ou les grandes lignes) et pour dénicher les petits prix. Nos étapes se sont définies selon les durées maximales de trajets qu’on pensait pouvoir supporter sur un jour (sans nous dégoûter du train !), et aussi en fonction des correspondances qu’on pourrait avoir tout en prenant une marge de sécurité de 1 à 2 heures (en cas de retard).
Préparer ce voyage nous a pris à peu près 3 après-midis, et donné quelques inquiétudes car les trains de la Renfe n’étaient visibles que 2 mois à l’avance, voire même 2 semaines… Heureusement, nous n’avons pas eu de problème de train complet sur ceux qu’on a choisis.
Voici les différentes étapes de ce voyage de 12 jours :
- Étape 1 : Rennes – Nantes – Bordeaux
- Étape 2 : Bordeaux – Hendaye
- Étape 3 : Irun – San Sebastian – Vitoria Gasteiz – León
- Étape 4 : León – Porto
- Étape 5 : Porto – Braga – Vigo Guixar
- Étape 6 : Vigo Guixar – Burgos Rosa Manzano
- Étape 7 : Burgos Rosa Manzano – San Sebastian – Irun – Bordeaux
- Étape 8 : Bordeaux – Nantes – Rennes
N.D.L.R. : pour mieux visualiser les différentes étapes de ce voyage en train, voici une carte récapitulative :
© carte voyagerentrain.fr
Quel budget pour ce voyage en train vers le Portugal ?
Nous avons fait le choix de ne prendre ni carte Avantage SNCF, ni pass Interrail car, après une première simulation sur Trainline, nous nous sommes rendus compte qu’on serait sans doute amenés à prendre aussi le bus, et à voyager plutôt en semaine que le week-end.
Le budget total (sans réduction) est de 297 € pour 1 voyageur.
Je détaille plus précisément les tarifs dans le récit à suivre.
Étape 1 : Rennes – Nantes – Bordeaux
Je pratique depuis longtemps le trajet Rennes – Bordeaux en train, et je sais qu’on peut éviter les TGV en passant par la côte Atlantique. Le trajet est plus confortable en Intercités aujourd’hui qu’il y a 30 ans quand j’étais étudiante ! Il dessert 5 villes au départ de Nantes, dont la magnifique gare de la Rochelle. Et le prix est vraiment abordable !
Bordeaux est une ville magnifique, les bords de Garonne ont vraiment bien été mis en valeur. Et le tunnel souterrain qui dessert les quais de la gare Saint-Jean est accessible depuis les 2 côtés de la gare !
On a passé 2 nuits chez une amie, cela a été l’occasion de se voir. Puis nous avons repris le voyage le lundi matin.
Itinéraire du jour 1 :
- Rennes – Nantes en TER pour 20 € (1 h 15) puis 1 h 15 de correspondance
- Nantes – Bordeaux en Intercités par la côte pour 26 € (4 h 00)
Étape 2 : Bordeaux – Hendaye (+ escapade à San Sebastien)
Le trajet en TER jusqu’à Hendaye offre de beaux paysages, avec vue sur les pins des Landes jusqu’aux maisons du Pays basque.
Hendaye et Irun sont situés à l’embouchure de La Bidassoa, qui forme la frontière entre les deux pays. Une balade est possible au bord de l’eau, sur des passerelles ou sur la côte, au pied des montagnes…
À la sortie de la gare de Hendaye, nous avons pris à droite l’Euskotren pour Irun, de l’autre côté de la frontière (où se trouvait notre hôtel). Attention, il y a 3 arrêts différents à Irun en Euskotren ! C’est le premier, celui de Colon, qui permet de rejoindre la gare des trains espagnols de la Renfe (si vous ne voulez pas y aller à pied).
Nous avons ensuite pris l’Euskotren pour visiter San Sebastian sur la deuxième partie de l’après-midi : 5,80 € l’aller-retour sur la ligne E2 qui va d’Hendaye (Hendaia) à Lasarte-Oria (arrêt à San Sebastian – Donastia Amara). Il s’agit d’un train qui ressemble à un tram, mais qui va de ville en ville : jusqu’à 8 lignes desservent le Pays basque espagnol.
Le pays basque espagnol nous a beaucoup plu, avec une météo très… bretonne au mois de mai ! San Sebastian s’est beaucoup développé autour de 1900. Et visiblement en très peu de temps car les pâtés de maison sont tous rectilignes et composés d’immeubles au même gabarit. La promenade sur la digue de la grande plage est très belle, mais elle manque singulièrement de terrasses pour contempler la mer en buvant un café.
Itinéraire du jour 3 :
- Bordeaux – Hendaye en TER pour 35 € (2 h 30)
Étape 3 : Irun – San Sebastian – Vitoria Gasteiz – León
En parallèle de l’Euskotren, un autre réseau ferroviaire type RER français de banlieue, exploité par la Renfe, dessert les petites villes. Il s’agit des Cercanias pour lesquels on achète un ticket estampillé d’un C. On est tombé par hasard sur la seule halte du Cercanias à Irun en dehors de la gare proprement dite, mais qui nous a fait gagner une bonne demi-heure car plus proche de notre hôtel !
Ce que nous n’avions pas retenu, c’est que Trainline nous avait proposé une partie de notre trajet du jour en autobus Alsa. Sur Google Maps, la gare de bus était annoncée en face de la gare de trains, mais nous avons eu de la peine à comprendre qu’elle était située sous terre !!! C’est une énorme gare munie d’une vingtaine de quais. Nous avons constaté par la suite que les gares de bus sont très développées en Espagne. C’est donc en autobus qu’on a rejoint la capitale du pays basque espagnol, Vitoria-Gasteiz. Nous avons traversé des paysages vallonnés et de montagne qui ont captivé notre regard.
À Vitoria, nous avons rejoint la gare ferroviaire par le service de bus urbains (ligne 4). Mais notre train avait 4 heures de retard, coincé par une avarie à Barcelone (sa gare de départ). J’ai alors réalisé qu’une ligne de train relie tout le nord de l’Espagne, de Barcelone à Ourense (et même Vigo) en une journée. Elle passe par Pampelune (mais pas Irun, ni San Sebastian), Vitoria, Burgos, puis Palencia, León… Nous avons donc saisi l’opportunité de visiter Vitoria-Gasteiz, qui a conservé une très belle place à colonnades (place d’Espagne), de très belles églises, des architectures aux multiples bow-window et un circuit d’art urbain.
Par contre, nous n’avons pas eu le loisir de visiter Léon car nous sommes arrivés juste pour dormir.
Itinéraire du jour 4 :
- Irun – San Sebastian/Donostia en train de banlieue Renfe pour 1,90 € (32 minutes)
- San Sebastian/Donostia – Vitoria Gasteiz en bus Alsa pour 14,47 € (1 h 15)
- Vitoria Gasteiz – León en train Renfe pour 21,60 € (3 h 00)
Étape 4 : León – Porto
Pour ce cinquième jour, nous avons fait le trajet en autocar de León à Porto, avec un changement à Guimaraes.
Après avoir traversé des terres ocres dévolues à l’agriculture, nous avons retrouvé du relief et une végétation bien verte aux allures de chez nous (genêts, bruyères…).
Porto est une ville qui possède 3 gares. La plus ancienne est en plein cœur de ville, près de la station de métro Sao Bento. Elle est décorée de magnifiques azuleros. Mais nous sommes arrivés près de celle de Campanha, qui est aussi une très grosse gare d’autobus. Après avoir traversé les rails en souterrain, nous avons rejoint à pied notre logement du jour. Le système de métro de Porto est très agréable. Le tracé permet de traverser le Douro sur le pont Eiffel, et de se rendre aussi à l’aéroport, aux gares… Le personnel de service/sécurité est aussi très aimable pour aider les étrangers à s’y retrouver. Sur chaque borne de billetterie est indiqué les stations de métro et le nombre de zones traversées (pour pouvoir sélectionner le bon tarif). Les tickets sont rechargeables.
Itinéraire du jour 5 :
- León – Guimaraes (Portugal) en bus (1 h 45 de correspondance)
- Guimaraes – Porto en bus Flixbus pour 20 € pour la totalité de la journée
Nous voilà ainsi arrivés à Porto le mercredi, vers 16 heures. Notre hébergement collectif est réservé pour le lendemain, à 80 km au nord est de Porto, après Braga. Nous avons donc loué 3 voitures (pour 13 personnes) pour nous y rendre.
Étape 5 : Porto – Braga – Vigo Guixar
Après 4 jours sur place, notre trajet du retour reprend le dimanche.
Nous sommes arrivés trop tardivement à Vigo pour la visiter ce jour-là. Mais le point de vue sur sa baie au coucher de soleil était magnifique ! Ça donnait envie de rester un peu plus !
Attention, à Vigo, il y a 2 gares ferroviaires. Il faut bien faire attention à la mention qui suit Vigo (Guixar ou Urzaiz).
Itinéraire du jour 9, sur le retour :
- Porto Campanha – Braga (Portugal) en bus pour 6 € (45 minutes)
- Braga – Vigo Guixar (Espagne) en bus pour 9,50 € (2 h 30)
Pour info, le trajet Porto – Vigo Guixar existe aussi par les rails. Le train circule seulement 2 fois par jour, pour 16,25 € (3 h 30).
Étape 6 : Vigo Guixar – Burgos Rosa Manzano
Ce lundi matin, nous arrivons de bonne heure à la gare de Vigo Guixar. On souhaite prendre notre petit-déjeuner sur place, mais il n’y a aucun commerce dans cette petite gare ! Il y a seulement un café en face, qui n’ouvre qu’à 7 h 30… Heureusement, la voiture bar de ce train longue distance nous a bien ravitaillés ! Sur ce trajet, parmi les plus longs de notre voyage, on a bien sûr, comme maintes fois, sorti les jeux de société (des petits jeux de carte qui se déploient sur les tablettes sans nécessité de plateaux de jeu).
Burgos est une ville espagnole d’origine médiévale, capitale de la Castilla y Léon. Elle possède un très beau patrimoine architectural, dont la cathédrale Santa-Maria et la place Mayor, bordée d’arcades, de portes et de devantures de boutique sculptées. J’y ai mangé un très beau gâteau au fromage !
Itinéraire du jour 10 :
- Vigo Guixar – Burgos Rosa Manzano en train Renfe pour 31,80 € (7 h 00)
Étape 7 : Burgos Rosa Manzano – San Sebastian – Irun – Bordeaux
Attention, la gare de Burgos est excentrée mais plusieurs bus y vont. Il y a un un comptoir de la Renfe, et surtout, un contrôle de douane à passer ! Il a cependant été ouvert moins de 30 minutes avant le départ du train, on était un peu en stress…
Un trajet retour identique au premier, mais qui nous a réservé une petite surprise à San Sebastian ! Nous avions un seul billet pour l’ensemble de cette journée mais le contrôleur du train nous a indiqué de descendre à San Sebastian pour un changement. Un employé de la sécurité nous a expliqué qu’on ne pouvait franchir les portiques qui scannent les billets avec ce QRcode. Il nous a alors conduit jusqu’à une borne billetterie pour lire notre billet et demander l’impression de cette partie de notre trajet sur un billet de Cercanias (au format d’un billet de tram).
Après avoir attendu la fin de l’orage, nous avons passé la frontière à pied, en traversant le centre d’Irun, pour rejoindre la gare d’Hendaye. Devant la gare, j’ai remarqué un aménagement réalisé par Urban Canopee pour lutter contre la chaleur en ville (et présenté dans Silence ça pousse sur France 5).
Itinéraire du jour 11 :
- Burgos Rosa Manzano – San Sebastian/Donostia
- puis San Sebastian/Donostia – Irun pour 30,85 € (5 h 00)
- Hendaye – Bordeaux en TGV INOUI pour 31 € (2 h 20)
Étape 8 : Bordeaux – Nantes – Rennes
Pour le dernier jour de notre voyage, entre deux trains, nous avons pique-niqué au jardin des Plantes de Nantes en face la gare. Ce qui nous a apporté une bouffée d’oxygène et de soleil !
Itinéraire du jour 12 :
- Bordeaux – Nantes en Intercités pour 28,50 € (4 h 00)
- Nantes – Rennes en TER pour 20 € (1 h 15)
Ce voyage fut très dépaysant par la nourriture, les langues, les architectures… Nous avons beaucoup apprécié le confort de ne pas conduire et de découvrir des villes étapes qui n’auraient sans doute pas fait l’objet d’un séjour de vacances. Cela m’a donné très envie de retourner explorer le pays basque espagnol par l’Euskotren !
Si vous avez une interrogation ou une précision à apporter à ce récit de voyage, n’hésitez pas à laisser un commentaire dans l’espace attribué ci-dessous. Et si vous souhaitez à votre tour partager avec nous votre témoignage, rendez-vous par ici. Bon voyage ! 🚂
Super ! Merci pour ce témoignage.
Trainline c’est éventuellement pratique mais c’est loin d’être exhaustif il y a plein de trains qui ne sont pas référencés
Quand on est à l’étranger mieux vaut aller directement sur le site des trains du pays concerné pour avoir beaucoup plus de résultats
On aura aussi beaucoup plus d’informations sur le type de train sur les bagages que l’on peut emporter comme les vélos
Sans parler comme code problème s’il faut aller à la gare et qu’on a acheté son billet sur trainline les employés ne font strictement aucun effort ( déjà vécu juste en France avec un problème la SNCF n’a pas voulu me rembourser ni échanger mon billet sur a annulation pour cause de météo ) il a fallu que je fasse une demande sur trainline qui ont mis des jours à répondre et donc en fait il a fallu déjà que je paye un nouveau billet pour essayer après de me faire rembourser
Bonjour,
Vous avez tout à fait raison. C’est d’ailleurs ce qu’on explique, entre autres, dans notre livre « Voyager en train en Europe ». Et pour trouver les compagnies qui font circuler les trains, le site de la Deutsche Bahn est souvent le meilleur ! 🙂
La plateforme Trainline reste utile pour comparer en une seule recherche les tarifs quand il y a plusieurs compagnies sur une ligne.
Bien à vous.
A propos du site de la DB. Il m’a été recommandé pas plus tard que la semaine dernière par … un contrôleur de la SNCF avec lequel nous échangions lors de notre déplacement en TER du Lot vers Clermont-Ferrand ! Nous l’essaierons pour notre prochain voyage.
Très intéressé par ce récit de voyage, j’aurais préféré que le titre précise d’emblée « voyage au Portugal en train ET en bus ». J’avais moi-même déjà fait quelques recherches sur Bordeaux – Porto sans trouver de liaison 100% ferroviaire.
Bonjour,
Il y a effectivement plusieurs trajets qui sont effectués en bus dans ce témoignage proposé par Cécile. Mais c’est un itinéraire qui peut se faire également 100 % en train. 🙂
Bien à vous.
J’avais laissé un commentaire plus tôt dans la journée je ne le vois pas. Est-ce gênant de noter que le titre de l’article n’est pas conforme à la réalité du récit? Et donc trompeur… Il conviendrait d’écrire « Voyage en train ET bus de Bretagne au Portugal »…
Bonjour,
Nous validons manuellement les premiers commentaires des lecteurs. Et le week-end nous sommes moins réactifs. 🙂
Votre dernier commentaire est bien approuvé. Nous vous avons répondu également.
Bien à vous.